Universitaire : Une première à l’université de Paris-Saclay

16 avril 2024

On vous en parlait il y a quelques jours, le touch rugby est une forme de pratique qui s’intègre au modèle du sport universitaire. Adaptable, accessible, et inclusif, il coche toutes les cases des besoins des universités. Si la Fédération Française des Sports Universitaires (FFSU) de Strasbourg en faisait l’expérience il y a tout juste un mois, l’Université Paris-Saclay était, quelques jours plus tard, le théâtre d’une première.

Le touch rugby, une matière à la fac ?

Le soir du jeudi 4 avril a tout d’un soir habituel à l’entraînement des Hornets de Dourdan. Pourtant ce soir-là, les yeux avertis remarquent que les joueurs sont particulièrement nombreux. En effet, ce soir il n’y a pas que des frelons sur le terrain. Et pour cause, Dourdan organise un tournoi à 5 équipes. Mais ce tournoi n’est ni un championnat régional, ni une rencontre amicale avec leurs voisins du Carnutes Touch Rugby. Ce tournoi est l’examen final pour une vingtaine d’étudiants de l’Université d’Evry. Le touch rugby, une matière notée à la fac ? C’est une première. 

Pour comprendre, il faut repartir quelques semaines en arrière. Pierre Elsden, joueur et président du club des Dourdan Hornets enseigne au sein de l’Université Paris-Saclay, à Evry. Dans le cadre de leur parcours de formation, tous les étudiants suivent les Unités d’Enseignements (les UE sont en quelques sortes les matières) de leur maquette pédagogique. En complément, on demande aux étudiants de choisir une UE Libre (UEL), c’est-à-dire une matière supplémentaire qu’ils choisissent dans une liste proposée par l’université. Ils peuvent ainsi choisir d’étudier une matière qui n’a rien à voir avec leur parcours de formation de base. La liste des UEL, qui va des matières classiques à des EU culturelles ou sportives, est définie par l’université. Et cette année, l’université souhaite ajouter une matière sportive.

Pierre, professeur en STAPS et joueur expérimenté, raconte la genèse du projet : « J’ai proposé à l’université de monter une UEL de touch rugby. Pour leur proposer le projet, j’ai monté un programme sur 12 séances et une grille d’évaluation, puis nous en avons discuté lors d’un rendez-vous« . Le rendez-vous se passe bien, la sauce prend, mais avec les contraintes académiques : « La fac m’a dit qu’ils n’avaient pas encore le budget pour ouvrir de façon certaine cette UEL, donc on l’a inclus dans le programme à titre expérimental. On a donc débloqué 18 heures de cours, uniquement sur le deuxième semestre, et on a lancé les inscriptions le 6 janvier« . Pour ce semestre d’essai, seules 25 places sont disponibles pour les étudiants intéressés. Elles trouvent preneurs en moins de deux jours, le projet est lancé.

Pierre (Dourdan) briefe les étudiants pour leur premier tournoi

Une expérimentation plébiscitée par les étudiants

Douze séances de touch rugby plus tard, nous sommes de retour à Dourdan. L’évaluation n’est qu’une formalité car dans les UEL, la performance n’est pas ce qu’on recherche. « On évalue l’engagement des étudiants dans l’activité pour ce genre d’UE. La notation récompense les étudiant.e.s qui jouent le jeu, qui s’investissent et qui font leur part d’arbitrage minimum« . Car les indicateurs de la réussite du projet se trouvent ailleurs. « Malgré les deux heures de route, on réussit à avoir 19 étudiants présents le soir du tournoi, c’est super !« . D’ailleurs pour Pierre, la plus grosse satisfaction de ce projet est l’assiduité. En général, les UEL sont obligatoires mais vite désertées, car les critères d’évaluation sont peu élevés et les notes ne représentent pas un frein sur un bulletin. Pourtant du côté de l’UEL Touch Rugby, l’assiduité est très élevée, bien plus que dans les autres UEL. « Les élèves ont plus que joué le jeu, ils se sont éclatés, et se sont donc investis à fond ! Je pense même que si on avait eu plus de clubs de touch rugby dans leur zone, plusieurs auraient franchi le pas pour rejoindre un club » nous assure Pierre. 

Ce 4 avril, ce sont donc deux équipes d’étudiants qui ont participé au tournoi de fin de semestre, avec deux équipes de l'hôte de Dourdan, et le Carnute Touch Rugby, lors de matchs de 20 minutes. Tantôt joueurs, tantôt arbitres, les jeunes se sont pris au jeu de leur première expérience en compétition. Une première qui leur a rappelé que dans ce sport, avoir des jambes de 20 ans aide, mais ne fait pas tout face à l’expérience des joueurs de Dourdan. Les résultats sont, comme l’évaluation, anecdotiques, mais Pierre a bien conscience de l’évolution de ses joueurs : « Ils ont progressé, autant dans le jeu qu’à l’arbitrage. En ayant pratiqué sur ces douze séances universitaires, je pense même que certains pourraient déjà passé le niveau 1 d’arbitrage« .

Une expérimentation concluante pour l’UE Libre touch rugby

La suite de ce projet pionnier dans le monde universitaire est toutefois encore incertaine. Faire de la place pour une nouvelle discipline avec des budgets serrés est rarement chose aisée. Mais les chiffres parlent pour le touch rugby, la mayonnaise a pris du côté d’Evry. De quoi donner de la confiance à Pierre, qui est confiant de voir son UEL reconduite l’année prochaine. « Je pense que ce projet est un bon exemple de ce qu’on peut faire du touch rugby partout en France, à l’université. On envisage même de pouvoir proposer à nos étudiants de jouer fin juin, lors de notre tournoi, ce qui serait le plus bel aboutissement possible« , conclut Pierre. « Je suis basé en Ile-de-France, donc je peux former avec plaisir des professeurs qui souhaitent tenter la même chose dans leurs facs« . Cette grande première pour le touch rugby en milieu universitaire a donc vocation à se développer en région parisienne, et même au-delà.

Si vous souhaitez vous former avec Pierre ou avec Touch France, ou que vous êtes étudiants et souhaitez des informations sur le touch rugby universitaire, contactez Titouan Marsan (titouan.marsan@touchfrance), chargé de Développement Sport Universitaire pour Touch France.